Article : 1er mars 2015

DE LA TYRANNIE DES RÈGLES Dans son « discours de la servitude volontaire », Etienne de La Boétie a analysé magistralement les raisons de la tyrannie. Son raisonnement ne s’applique pas qu’à la politique, il éclaire aussi toutes les catégories de tyrannie et en particulier le cas des règles féminines.

Il s’agit bien quelque part d’une tyrannie puisque les règles s’imposent aux femmes d’une façon arbitraire et violente. Arbitraire car les règles n’ont de nécessité qu’en vue de la procréation, et n’ont donc de justification que de rares fois dans une vie.

Violentes car responsables d’un inconfort parfois maladif mais surtout de l’ensemble des maladies gynécologiques hormono dépendantes en particulier du cancer du sein.


La dénaturation

Une grande majorité des femmes pense qu’il n’y a pas d’autre choix que d’être soumises aux cycles menstruels et aux règles. Pourtant cette servitude aux règles des femmes en âge de procréer, n’est pas éternelle et n’a pas toujours existé. Elle a une date de naissance, le début du XX° siècle et une cause, la régulation des naissances associée à l’allaitement artificiel. En quelques décennies les femmes sont ainsi passées d’une vie naturelle presque sans règles à une vie de femme dé-naturée, avec plus de 450 cycles. La vie d’avant, avec peu de règles, était une succession de grossesses et d’allaitement, périodes pendant lesquelles cycles et règles disparaissaient. De plus, la puberté était beaucoup plus tardive coïncidant plus ou moins avec la première grossesse et peu de femmes atteignaient l’âge de la ménopause. La vie dé-naturée, celle d’après, que nous connaissons, est jalonnée de périodes incessantes de règles, avec peu d’enfants pas ou peu allaités.


Le paradoxe de la dénaturation

Les règles et les cycles, aussi paradoxal que cela puisse paraître à des femmes modernes, sont contraires à l’état de nature. Dans cet état qui a été celui des femmes depuis des millions d’années, les femmes n’ont que de rares cycles, fonction de leur fécondité. Car entre deux grossesses les cycles s’interrompent du fait de l’allaitement de l’enfant pour reprendre dès que la production de lait se tarit. Du point de vue des règles, les femmes sont des hommes comme les autres. Une femme peut se passer d’avoir des règles et pourrait ne jamais en avoir. Il lui suffirait d’être enceinte dès sa puberté et d’enchainer allaitement et grossesses jusqu’à la ménopause. Il en est ainsi chez les femmes vivant dans des sociétés traditionnelles telles les inuites ( cf l’enfer au féminin ). Les règles ne sont pas naturelles, en dehors d’un projet d’enfant, rien ne les justifie.


Une dénaturation libératrice mais mortifère

Cette dénaturation a libéré la femme des grossesses répétées, mais est à l’origine de l’explosion du nombre de cycles et de cancers du sein. Quelques générations ont suffi pour faire oublier le souvenir d’une vie sans règles et le désir d’y retourner. Cet événement inaugural a été une chance mais aussi une malchance dont les effets n’ont cessé de s’amplifier au point que le nombre de cancer du sein est en constante augmentation depuis 30 ans avec 1 femme sur 8 concernée. Il a fait naitre une femme nouvelle certes plus libre mais constamment menacée par l’épée de Damoclès du cancer du sein.


Les causes de l’attachement aux règles

Parmi les nombreuses causes de l’attachement aux règles, l’oubli d’une ère révolue et la coutume sont probablement les plus importantes.
La première cause de l’attachement aux règles est donc l’oubli d’une ère révolue d’une vie sans règles, uniquement consacrée à la vie. Elle était faite de longues périodes d’allaitement entrecoupées de grossesses de la puberté à la mort ( car peu de femmes atteignaient l’âge de la ménopause ). Cet oubli est si bien entretenu que les femmes se comportent comme s’il en avait été de tout temps ainsi. Les règles incessantes leur semblent naturelles. Or c’est exactement l’inverse. La vie moderne est toute récente et ne représente qu’une infime partie de l’histoire de l’humanité. Pendant les cinq millions d’années précédant la modernité, les règles ont été un évènement rare et même inquiétant car témoin d’un certain degré d’infécondité. Cela justifie en partie la mise à l’écart des femmes avec règles dans les sociétés traditionnelles.
La deuxième grande cause est la coutume et la loi du plus grand nombre : les femmes naissent de mère ayant leurs règles et toutes les femmes en âge de procréer ont des règles. Nulle n’y peut s’y soustraire. Ceci est vrai chez les jeunes filles qui échappent difficilement à l’effet de mode mais aussi chez les femmes plus âgées comme on l’a vu avec les traitements hormonaux de ménopause ( THM ). La coutume est à l’origine d’une très grande inertie quand il faut faire changer les comportements. Elle modifie également la prescription des médecins par peur de déplaire ou de passer pour incompétent.


La liberté délaissée et la volonté de soumission

Ce sont bien les femmes qui choisissent la servitude et non les médecins qui la leur imposent. En effet comment expliquer que les femmes non seulement se soumettent aux règles mais y consentent pleinement pour la majorité d’entre elles. Ainsi sont-elles prêtes par ignorance à délaisser leur liberté au risque de la maladie et même de la mort, au nom des règles. Et cela sans qu’aucune violence ne leur soit faite. Le risque mortel des pilules avec règles œstroprogestatives, qu’elles soient de 2° ou 3° génération, en rapport avec les thromboses veineuses, est bien réel. Celui lié au cancer du sein l’est tout autant quelque soit le type de règles, naturelles ou artificielles liées à la pilule.


Les stratagèmes de la soumission.

Pour maintenir cette soumission aux règles, la société use de plusieurs stratagèmes, consciemment ou non, destinés à leurrer les femmes. Parmi eux, la valorisation des règles et le recours à la religion sont les plus utilisés.
La valorisation des règles est culturelle. Les premières règles sont fortement valorisées au point de faire l’objet de fêtes dans certaines cultures ( Sri Lanka ). Elles sont initiatrices de l’entrée dans la vie de femme adulte et promesse d’épanouissement conjugal. Celles qui ont des règles très douloureuses sont l’objet d’attention, de dispenses d’activité sportive, obtiennent parfois des arrêts de travail. Les règles entretiennent le mystère de la femme et contribuent fortement à l’identité féminine.
Curieusement le combat contre les règles n’a jamais intéressé le courant féministe y compris les Femen.

Un autre stratagème est celui de la religion afin de susciter la crainte du sacrilège, utilisant ainsi l’ignorance des femmes. Les règles seraient sacrées et vouloir les supprimer serait un sacrilège, alors que c’est ce que fait la nature avec l’allaitement.
C’est pourquoi les bonnes sœurs accumulent les règles sans la moindre justification. Elles sont d’ailleurs une population particulièrement touchée par le cancer de l’ovaire et le cancer du sein. Bien d’autres superstitions ne sont jamais démenties comme par exemple le danger du mauvais sang non évacué.


Des femmes éclairées

Heureusement de plus en plus nombreuses sont les femmes ouvertes d’esprit qui après avoir été correctement éclairées, ne se contentent pas de regarder leurs pieds, sans regarder ni devant, ni derrière : elles se réfèrent ainsi au passé ( la vie sans règles d’avant le contrôle des naissances ) pour mieux juger le présent ( l’inconfort des règles ) et prévoir l’avenir ( l’explosion du nombre de cancers du sein due à la multiplication des cycles ). Ces femmes sauront trouver le gynécologue susceptible de les conseiller correctement.


Le secret de la soumission

Le secret de la soumission volontaire aux règles est, comme dans toutes dictatures, un système de domination pyramidal bien décrit par La Boétie. Dans un tel système, les différents intervenants sont rendus complices inconsciemment les uns des autres en s’attribuant des avantages qui varient selon le niveau de la pyramide. Ainsi le tyran achète la soumission de quelques tyranneaux qui à leur tour en feront de même avec de nombreux petits tyranneaux …
En médecine, les laboratoires pharmaceutiques sont les véritables décideurs tout en haut de la pyramide. Ils s’appuient sur une poignée de médecins leaders d’opinion dont ils font leur courroie de transmission. Ces derniers rendent complices les médecins spécialistes à l’occasion de congrès et autre enseignement post universitaire, financés par ces mêmes labos. Plus bas dans la pyramide se trouvent les médecins généralistes puis enfin les patientes. Les leaders d’opinion y gagnent en notoriété et en importance par rapport à leurs confrères. Les spécialistes y trouvent leur compte grâce à un afflux de patients. Ainsi aucun des intervenants n’a intérêt à ce que les choses changent.
Ce système a fait l’objet d’une étude gouvernementale dans le cadre du scandale des traitements hormonaux de ménopause, responsables d’une augmentation du risque de cancer du sein et de l’ovaire. Dans ce rapport du ministère des affaires sociales ( Mire Drees ) intitulé « les notables de la ménopause face au risque du traitement hormonal substitutif », on analyse aussi comment ces notables ont instrumentalisé la presse grand public.
( http://www.atoute.org/au_benefice_du_doute.pdf )

Ce système a fonctionné et continue de fonctionner également pour les règles. Ces dernières constituent en fait un immense marché constitué non pas de quelques individus malades mais d’une population entière en bonne santé. Le marché des protections hygiéniques et des savons à usage intime n’est pas le seul. Il y a aussi celui des hormones œstrogènes contenues dans les pilules œstroprogestatives et dans les traitements hormonaux de ménopause. Plus inquiétant encore et beaucoup plus grave est le marché du cancer du sein, traitement et dépistage, du fait de la relation linéaire entre le nombre de cycles et le risque de cancer du sein. Rappelons que 50 % de l’activité de l’Institut Curie repose sur le traitement du cancer du sein et que le dépistage de masse n’est efficace que si la maladie est très fréquente…

Tous ces intervenants sont responsables, mais certains le sont plus que d’autres. En particulier, les laboratoires mais en tant que commerçants, ils ne font que leur métier. C’est au médecin d’être vigilant et d’exercer sa responsabilité éthique.


Le cas des cancérologues

Cette responsabilité éthique devrait être notamment revendiquée en toute logique par les cancérologues qui connaissent fort bien le danger des œstrogènes et donc des règles car cela fait plus de trente ans qu’ils prescrivent des anti hormones féminines ( anti œstrogènes ) à leurs patientes atteintes de cancers du sein. Pourquoi n’ont-ils jamais tiré la sonnette d’alarme ? La relation entre le nombre de cycles et le risque de cancer du sein est pourtant connue de longue date mais jamais ils n’ont fait de mise en garde.


Le cas des gynécologues

Les gynécologues se sont peu mobilisés sur ce sujet. Probablement que peu enclins à remettre en cause le tabou des règles, ils sont amenés à rechercher des solutions aux maux générés par ces règles incessantes : troubles du cycle, endométriose, cancers… justifiant la création d’une spécialité médicale : la gynécologie naît en tant que spécialité médicale en 1963.
La gynécologie, cette nouvelle spécialité, n’a cessé, sans le recul nécessaire, de convaincre les femmes de la nécessité de maintenir des cycles réguliers, garants selon elle de la santé des femmes. Elle s’est aussi bien gardée d’informer les femmes sur la nature des règles et leurs enjeux. Combien d’entre eux connaissent ces études ( 1,2 ) qui ont montré le lien entre le nombre de cycles et le risque de cancer du sein ?
Le résultat est connu : plus de 50 000 nouveaux cas de cancers du sein chaque année en France pour ne citer que le plus grave.
Il ne faut pas cesser de marteler que les règles ne font pas l’identité féminine, qu’elles ne sont pas indispensables à la santé des femmes, mais que bien au contraire, elles sont nocives à force d’être incessantes. Leur seule et unique vertu est tout simplement de créer les conditions pour l’accueil de la vie.


Une révolution en marche

Fort heureusement, les tyrannies ne sont pas éternelles et finissent par être vaincues par une révolution. Échapper à la tyrannie des règles est possible du fait d’une pilule progestative sans œstrogènes. Celle-ci supprime l’activité ovarienne, et donc les cycles naturels, sans y substituer un cycle artificiel comme le font aujourd’hui les pilules combinées œstroprogestatives. Dénuée de risque de phlébite, probablement préventive du cancer du sein ( 3 ) et par ailleurs remboursée ( Optimizette ), elle permet aux femmes de vivre libres, tout en préservant leur santé présente et à venir. Cette pilule progestative est au sens propre du terme révolutionnaire.



Références

1) Clavel-Chapelon (F.) ; E3N « Group.Cumulative number of menstrual cycles and breast cancer risk: results from the E3N cohort study of French women. Cancer Causes Control », novembre 2002 ; 13(9) : 831-838. (www.e3n.fr)
2) Chavez-MacGregor (M.), et al., « Postmenopausal breast cancer risk and cumulative number of menstrual cycles Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. », avril 2005, 14(4) : 799-804.
3) Plu-Bureau et al « Progestagen use and decreased risk of breast cancer in a cohort study of premenopausal women with benign breast disease », Br J Cancer, août 1994

non les règles ne sont pas bonnes pour la santé