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MÉNOPAUSE


Les bouffées de chaleur protègent en partie du cancer du sein et des accidents cardio-vasculaires comme le prouvent deux études récentes : La première a étudié le risque de cancer dans deux groupes de femmes selon qu'elles aient souffert de bouffées de chaleur au moment de la ménopause. Les femmes qui avaient des bouffées avaient environ moitié moins de risque de cancer que les autres. Qui plus est plus les bouffées étaient intenses et plus la réduction du risque étaient grande. Ces résultats ne sont pas étonants si l'on considère que les bouffées sont en lien avec la chute hormonale lors de l'installation de la ménopause. Ceci confirme le rôle fondamental des hormones sexuelles dans la genèse du cancer du sein.

Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2011 Feb;20(2):379-88. Epub 2011 Jan 6.

Relationship between menopausal symptoms and risk of postmenopausal breast cancer.

 


Huang Y, Malone KE, Cushing-Haugen KL, Daling JR, Li CI.

BACKGROUND: Prior studies indicate that women with menopausal symptoms have lower estrogen levels because they go through menopause as compared with women who do not experience them. Given the central role of hormones in the etiology of breast cancer, a link between menopausal symptoms and breast cancer is plausible. However, no prior studies have evaluated the association between menopausal symptoms and breast cancer risk.

METHODS: Utilizing data from a population-based case-control study we examined associations between menopausal symptoms and risks of different histologic types of breast cancer among postmenopausal women. We calculated multivariate adjusted odds ratios (OR) using polytomous logistic regression and evaluated several potential effect modifiers.

RESULTS: Women who ever experienced menopausal symptoms had lower risks of invasive ductal carcinoma [(IDC) OR = 0.5; 95% CI: 0.3-0.7], invasive lobular carcinoma (ILC, OR = 0.5; 95% CI: 0.3-0.8), and invasive ductal-lobular carcinoma (IDLC, OR = 0.7; 95% CI: 0.4-1.2), and these reductions in risk were independent of recency and timing of hormone therapy use, age at menopause, and body mass index. Increasing intensity of hot flushes among women who ever experienced hot flushes was also associated with decreasing risks of all three breast cancer subtypes (P values for trend all ≤ 0.017).

CONCLUSION: This is the first study to report that women who ever experienced menopausal symptoms have a substantially reduced risk of breast cancer, and that severity of hot flushes is also inversely associated with risk.


La deuxième étude a montré que non seulement les bouffées de chaleur survenant au moment de la transition ménopausique n'augmentaient pas le risque cardio vasculaire mais le réduisait légèrement. Il n'en est pas de même pour les bouffées de chaleur plus tardives dont le mécanisme est probablement différent.
Menopause. 2011 Jun;18(6):603-10.

Vasomotor symptoms and cardiovascular events in postmenopausal women. Szmuilowicz ED, Manson JE, Rossouw JE, Howard BV, Margolis KL, Greep NC, Brzyski RG, Stefanick ML, O'Sullivan MJ, Wu C, Allison M, Grobbee DE, Johnson KC, Ockene JK, Rodriguez BL, Sarto GE, Vitolins MZ, Seely EW.

OBJECTIVE: Emerging evidence suggests that women with menopausal vasomotor symptoms (VMS) have increased cardiovascular disease (CVD) risk as measured by surrogate markers. We investigated the relationships between VMS and clinical CVD events and all-cause mortality in the Women's Health Initiative Observational Study (WHI-OS).

METHODS: We compared the risk of incident CVD events and all-cause mortality between four groups of women (total N = 60,027): (1) no VMS at menopause onset and no VMS at WHI-OS enrollment (no VMS [referent group]), (2) VMS at menopause onset but not at WHI-OS enrollment (early VMS), (3) VMS at both menopause onset and WHI-OS enrollment (persistent VMS [early and late]), and (4) VMS at WHI-OS enrollment but not at menopause onset (late VMS).

RESULTS: For women with early VMS (n = 24,753), compared with no VMS (n = 18,799), hazard ratios (95% CIs) in fully adjusted models were as follows: major coronary heart disease (CHD), 0.94 (0.84-1.06); stroke, 0.83 (0.72-0.96); total CVD, 0.89 (0.81-0.97); and all-cause mortality, 0.92 (0.85-0.99). For women with persistent VMS (n = 15,084), there was no significant association with clinical events. For women with late VMS (n = 1,391), compared with no VMS, hazard ratios (95% CIs) were as follows: major CHD, 1.32 (1.01-1.71); stroke, 1.14 (0.82-1.59); total CVD, 1.23 (1.00-1.52); and all-cause mortality, 1.29 (1.08-1.54).

CONCLUSIONS: Early VMS were not associated with increased CVD risk. Rather, early VMS were associated with decreased risk of stroke, total CVD events, and all-cause mortality. Late VMS were associated with increased CHD risk and all-cause mortality. The predictive value of VMS for clinical CVD events may vary with the onset of VMS at different stages of menopause. Further research examining the mechanisms underlying these associations is needed. Future studies will also be necessary to investigate whether VMS that develop for the first time in the later postmenopausal years represent a pathophysiologic process distinct from the classic perimenopausal V


Cet article est à rapprocher d'un résultat issu de l' étude française dite des 3 cités : Lien INSERM.FR

Les femmes sont moins sujettes que les hommes aux maladies cardiovasculaires et cette différence hommes/femmes s’estompe après la ménopause. Cette observation est à l’origine de nombreuses idées reçues laissant supposer un effet bénéfique des œstrogènes sur le cœur et les vaisseaux. Aujourd’hui, de nouvelles données semblent remettre en question ces présupposés. Les résultats d’une étude menée sur 6 000 femmes âgées de plus de 65 ans par une équipe de chercheurs de l’Inserm dirigée par Pierre-Yves Scarabin (Unité Inserm 1018 "Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations") montrent pour la première fois que des taux élevés d’œstradiol sanguin exposent à un risque plus important d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. Ces résultats sont publiés dans The Journal of American Heart Association.

Les œstrogènes sont des hormones jouant un rôle clé dans le développement sexuel et la reproduction chez les femmes. L’œstradiol est l’hormone la plus active. Ses taux sanguins sont particulièrement élevés pendant les années de la vie reproductive. Après la ménopause, l’arrêt du fonctionnement des ovaires entraîne une chute importante des taux sanguins d’œstrogènes dont la principale source devient alors le tissu adipeux. Ces hormones continuent néanmoins de circuler à de faibles concentrations et peuvent encore avoir une action biologique.

Tout au long de la vie, les femmes restent moins exposées que les hommes au risque de maladies cardiovasculaires. Cette relative immunité des femmes a été longtemps attribuée à un rôle protecteur des œstrogènes vis-à-vis de l’athérosclérose et de ses complications. Cette hypothèse n’a cependant pas été confirmée par les travaux récents concernant le traitement hormonal de la ménopause. L’administration d’œstrogènes ne permet pas de prévenir les maladies artérielles ischémiques chez les femmes ménopausées et pourrait même avoir un effet délétère chez les femmes plus âgées.

Aucune étude n’avait pu jusqu’à présent rattacher clairement les hormones sexuelles circulantes endogènes au risque cardiovasculaire chez les femmes ménopausées.

Cette lacune est aujourd’hui comblée par les résultats d’une étude de cohorte française[1] réalisée dans la population générale (Etude des Trois Cités-3C) sur environ 6 000 femmes âgées de plus de 65 ans. Les taux sanguins d’œstradiol ont été mesurés à l’entrée dans la cohorte et, après un suivi de 4 ans, 150 nouveaux cas de maladies cardiovasculaires sont apparus.

Les résultats montrent pour la première fois que des taux élevés d’œstradiol sanguin exposent à un risque augmenté d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral sans que le lien de cause à effet ne soit démontré. Cette relation n’est pas influencée par les autres principaux facteurs de risque cardiovasculaire connus, notamment le diabète et l’obésité.

D’autres résultats montrent que les œstrogènes semblent affecter certains mécanismes impliqués dans l’obstruction des artères à l’origine des maladies cardiovasculaires. Si l’effet coagulant des œstrogènes est bien établi, leur rôle dans le processus inflammatoire est aujourd’hui une voie de recherche importante en particulier chez les femmes obèses où l’accumulation de tissus adipeux est associée à des taux élevés d’œstrogènes.

Ces nouvelles données remettent de nouveau en cause le rôle bénéfique des œstrogènes sur le cœur et les vaisseaux. « Les études à venir devront confirmer cet effet délétère et établir si ces résultats sont généralisables aux femmes ménopausées plus jeunes » déclare Pierre-Yves Scarabin.